L’UE sur le pied de guerre face au « greenwashing »

Les textes européens en préparation se multiplient en matière de protection des consommateurs contre l’écoblanchiment ou « greenwashing ». Les entreprises doivent s’attendre à des obligations accrues.

 

D’une part, une proposition de directive modificative a été présentée par la Commission européenne le 30 mars 2022 pour donner aux consommateurs les moyens d’agir en faveur de la transition écologique grâce à de meilleures informations et à une meilleure protection contre les pratiques déloyales (Communiqué de presse). Ce projet de directive, que le Parlement européen vient d’adopter en première lecture le 11 mai 2023 a pour but de permettre aux consommateurs de « faire des choix éclairés et respectueux de l’environnement lorsqu’ils achètent leurs produits » selon le communiqué de presse de la Commission européenne.

 

Ainsi, le législateur souhaite lutter contre des pratiques commerciales déloyales telles que :

 

1) Les pratiques d’écoblanchiment (allégations trompeuses relatives à l’environnement), notamment en fournissant aux consommateurs une information sur la durabilité et la réparabilité des produits, en élargissant la liste des pratiques commerciales déloyales aux pratiques consistant à énoncer des allégations environnementales génériques et vagues et à présenter une allégation environnementale concernant le produit dans son ensemble alors qu’elle ne concerne qu’une de ses caractéristiques.

 

2) Les pratiques d’obsolescence programmée

 

3) L’utilisation de labels de durabilité et d’outils d’information non fiables.

 

 

D’autre part, la Commission a publié une proposition de directive le 22 mars 2023 complétant la proposition de mars 2022 en prévoyant des règles plus spécifiques sur les allégations environnementales et une interdiction générale de la publicité trompeuse. Elle s’inscrit dans le cadre de la législation relative à l’économie circulaire.

 

1) L’objectif de cette directive est d’interdire toute mention environnementale générique non étayée pouvant être trompeuse pour le consommateur. Ainsi, selon la proposition de directive, les consommateurs devront bénéficier d’informations « fiables, comparables et vérifiables » pour choisir des produits et services respectueux de l’environnement.

 

2) Autrement dit, pour communiquer ou faire de la publicité sur les questions environnementales, des preuves détaillées et scientifiques des allégations devront être fournies par les professionnels et mises à la disposition des consommateurs. Un processus de vérification indépendant sera mis en place.

 

3) Par exemple, si la mention « neutre en carbone » figure sur un produit, le professionnel devra démontrer comment les émissions de CO2 ont été compensées en fournissant des informations sur les plans de compensation.

 

4) Ensuite, la proposition de directive a pour objectif de lutter contre l’obsolescence programmée en interdisant de limiter la durabilité des produits dès leur conception.

 

5) Enfin, pour lutter contre la prolifération des labels, la Commission souhaite interdire tous les labels publics, sauf s’ils sont conçus à l’échelle communautaire, et réglementer les labels privés, qui devront être de meilleure qualité. Les députés proposent de créer un nouveau label de garantie indiquant la durée de garantie légale et les extensions prévues par le professionnel.

 

 

Le droit français a anticipé sur certaines de ces règles, par exemple depuis l’entrée en vigueur, au début de l’année, d’un décret imposant des règles très contraignantes à tout commerçant formulant des allégations relatives à son impact en matière de carbone (articles D. 229-106 et suivants du code de l’environnement).

 

Le cabinet Joffe & Associés est disponible pour vous assister dans la préparation de votre mise en conformité.

 


Article rédigé par Véronique Dahan et Jérémie Leroy-Ringuet.

Saas.group renforce sa position sur le territoire avec Beekast

Saas.group, entreprise spécialisée dans le développement et l’acquisition de startups liées aux domaines des logiciels en tant que service (SaaS), a annoncé en ce mois de mai 2023, son acquisition de Beekast, une plateforme collaborative française accompagnant les entreprises au quotidien dans la création, l’animation et le suivi de réunions et formations. Cette acquisition vise à renforcer la présence de Saas.group sur le marché français.

 

L’acquisition de Beekast fait suite à celle de Crosstalent en France, fournisseur d’outils RH pour les moyennes et grandes entreprises et s’inscrit dans la volonté du groupe de renforcer sa présence sur le marché français, où l’entreprise compte désormais près de 40 salariés. Beekast, société fondée en 2015 par Yassine Chabli, fondateur et CEO de la start-up, compte aujourd’hui plus d’un million d’utilisateurs actifs sur près de 1000 entreprise partenaires (dont Google, l’ESSEC ou encore Action Logement Services).

 

Grace à cette acquisition, Beekast continuera d’être une entreprise française indépendante, renforçant ainsi la présence de Saas.group sur le marché français. Saas.group a en effet acquis quatorze entreprises à ce jour, dont Beekast, Crosstalent, Tower, Rewardful, Prerender, Juicer, Seobility, et d’autres. Avec près de 180 employés, répartis sur une vingtaine de pays différents, le groupe cherche à développer et proposer des solutions de développement en ligne, et du commerce électronique, auprès des entreprises spécialisées dans le marketing, des ressources humaines ou encore dans la formation en ligne.

 

Joffe & Associés (Christophe Joffe, Charlotte Viandaz et Oriana Castelli) est intervenu auprès des actionnaires de Beekast dans le cadre de cette opération.

 


 

Transferts de données vers les Etats-Unis – Sanction record de 1,2 milliards d’euros pour Meta Ireland

Article rédigé par Emilie de Vaucresson, Amanda Dubarry et Camille Leflour.

 

Ce 22 mai 2023, l’autorité de régulation des données personnelle irlandaise, la Data Protection Commission (« DPC »), agissant comme chef de file, a annoncé avoir infligé à la société Meta Ireland une amende record s’élevant à 1,2 milliards d’euros pour avoir enfreint l’article 46, paragraphe 1 du RGPD en transférant des données personnelles vers les Etats-Unis sans mettre en œuvre les garanties appropriées.

 

Depuis l’invalidation du Privacy Shield, Meta Ireland mettait en œuvre ces transferts sur la base des clauses contractuelles types, en conjonction avec des mesures supplémentaires que la DPC a considéré comme insuffisantes au regard des risques pour les droits et libertés des personnes concernées. Les données de ses utilisateurs européens sont en effet stockées aux Etats-Unis, les exposant à une potentielle surveillance des autorités américaines.

 

L’enquête avait été initialement lancée en août 2020 dans le cadre d’une procédure de coopération. Le projet de décision préparé par la DPC avait alors été soumis à ses régulateurs homologues dans l’UE/EEE qui l’avait rejeté et renvoyé au Comité européen de la protection des données (le « CEPD »).

 

Sur la base de la décision du CEPD, la DPC a :

 

  • requis à Meta Ireland de suspendre tout transfert futur de données personnelles vers les États-Unis dans un délai de 5 mois à compter de la date de notification de la décision à Meta Ireland ;
  • condamné Meta Ireland une amende administrative d’un montant de 1,2 milliards d’euros, cette amende, la plus élevée jamais imposée en vertu du RGPD, est justifiée par la gravité des manquements reprochés à la maison mère de Facebook, qui compte des millions d’utilisateurs en Europe, ce qui implique un énorme volume de données transférées en violation du RGPD ; et
  • requis à Meta Ireland de mettre ses opérations de traitement en conformité avec le RGPD, en cessant le traitement illicite, y compris le stockage, aux États-Unis, de données personnelles d’utilisateurs de l’UE/EEE transférées sans garanties, dans un délai de 6 mois à compter de la date de notification de la décision du CPD à Meta Ireland.

 

Selon les termes d’Andrea Jelinek, présidente du CEPD « cette sanction est un signal fort pour les organisations que les infractions graves ont des conséquences considérables ». En effet, elle intervient dans un contexte de renforcement des contrôles envers les GAFAM, cette sanction étant la quatrième amende infligée à Meta Ireland en six mois.

 

De son côté, Meta Ireland qualifie cette amende d’« injustifiée et inutile » et souhaite demander sa suspension en justice. Dans ce contexte, le réseau social espère voir la Commission européenne adopter prochainement le nouveau projet de décision d’adéquation pour le transfert de données vers les Etats-Unis.

 

Dans l’immédiat, tant qu’un accord n’a pas été trouvé entre l’Europe et les Etats-Unis pour l’encadrement des flux de données vers les Etats-Unis, nous rappelons que la simple signature de clauses contractuelles types n’est pas suffisante pour assurer un transfert de données conforme au RGPD. Il est nécessaire de vérifier les garanties additionnelles mises en œuvre par le destinataire des données aux Etats-Unis pour assurer la confidentialité des données et l’impossibilité pour les autorités américaines d’y accéder.

 

Joffe & Associés ouvre un nouveau bureau à Los Angeles

Los Angeles : Retrouvez l’article original de « Les Echos : Capital Finance » ici.

 

Cap sur les Etats-Unis pour le cabinet d’avocats d’affaires. Après Londres en 2013, la firme française ouvre un second bureau à l’étranger. Pavlos Petrovas (DEA Droit du contentieux international et européen Université Paris Nanterre, LL.M Northwestern University) prend les rênes de ce bureau implanté à Los Angeles. Avant de rallier le cabinet en 2022, ce dernier, admis aux barreaux de Paris, New-York et Los Angeles a œuvré près de huit ans chez Hughes Hubbard & Reed en contentieux et arbitrage international.