MATHIEU GAUDEMET POUR OPTION DROIT & AFFAIRES

📢 Mathieu Gaudemet et Laurence Esteve de Palmas, interrogés par Option Droit & Affaires sur la reconversion de friches industrielles : les nouvelles obligations des porteurs de projets.

 

Sous l’impulsion des lois Climat et Industrie verte, la reconversion des friches est désormais la clé pour limiter l’artificialisation des sols.

 

⚖️ Ce qui change depuis le 8 juillet 2024 : tout maître d’ouvrage souhaitant changer l’usage d’une friche industrielle ayant abrité une installation classée pour la protection de l’environnement doit obligatoirement :

 

🔎 Se renseigner sur l’état de la procédure de cessation d’activité
📝 Justifier ces éléments dans son dossier de permis de construire
🔬Faire réaliser des investigations par un bureau d’études certifié

 

Contrairement à nos voisins européens, la France privilégie une approche basée sur le risque selon l’usage prévu (8 types d’usages définis depuis 2023), plutôt que sur des seuils de pollution absolus. Cette approche, plus subjective et évolutive, définit un site comme « pollué » s’il présente un risque sanitaire en fonction d’un usage précis.

 

En pratique, la réglementation prévoit des parcours adaptés selon l’état de réhabilitation et la situation de l’ancien exploitant :

 

✅ Installation régulièrement réhabilitée : plan de gestion et attestation de compatibilité usage
✅ Dernier exploitant connu et existant : une procédure « tiers demandeur » est possible, mais l’exploitant reste responsable. Un accord très solide entre les parties est essentiel
✅ Dernier exploitant inconnu ou disparu : vérifications et plan de gestion exigés

 

Un point d’attention : si le site ne peut garantir la compatibilité avec un « usage sensible », le préfet doit être informé et un projet de Secteur d’Information sur les Sols (SIS) remis.

 

💡 Ces évolutions clarifient enfin les règles du jeu, mais responsabilisent davantage les maîtres d’ouvrage. L’anticipation et une approche minutieuse en amont des acquisitions deviennent cruciales pour sécuriser vos projets.

 

L’article complet est disponible ici (accès abonnés) : https://optiondroitetaffaires.optionfinance.fr/

J&A CONSEILLE INNOVACOM ET DES BUSINESS ANGELS DANS LE CADRE DE LA LEVÉE DE FONDS DE TURBOTECH

Joffe & Associés a conseillé Innovacom, fonds d’investissement de la Région Île-de-France, ainsi que des business angels dans le cadre de la levée de fonds de 8,5 millions d’euros réalisée par Turbotech, société française spécialisée dans les solutions de propulsion aéronautique hybrides de haute technologie.

 

Cette seconde levée de fonds a été menée auprès du fonds Innovacom de la Région Île-de-France, de cinq gestionnaires de patrimoine et de plusieurs business angels.

Les fonds levés permettront à Turbotech de financer la certification de son premier turbopropulseur, qui équipe déjà plusieurs modèles d’aéronefs légers. L’entreprise pourra également développer une nouvelle gamme de moteurs plus puissants (250 à 500 chevaux) pour couvrir l’ensemble du marché de l’aviation générale.

 

Cette opération permettra à Turbotech d’accélérer ses projets de recherche et développement, d’augmenter sa capacité de production et de renforcer sa présence sur des marchés stratégiques, consolidant ainsi sa croissance et son leadership technologique dans le secteur aéronautique.

 

Joffe & Associés a conseillé Innovacom et des business angels sur les aspects corporate avec une équipe composée de Thomas Saltiel, associé, Charlotte Viandaz, counsel et Alexia Guyot, avocate.

J&A CONSEILLE BIODIS ET LA DIRIGEANTE DANS LE CADRE DE LA RÉORGANISATION DE SON ACTIONNARIAT

Joffe & Associés a conseillé Biodis, acteur majeur de la distribution spécialisée en produits bio, dans une opération stratégique de réorganisation de son actionnariat, marquant une nouvelle phase importante de son développement.

 

Depuis la reprise de Biodis en 2019, réalisée aux côtés de trois investisseurs – NCI, BNP Paribas Développement et Bpifrance, Myriam Jourdan, Présidente de Biodis, renforce aujourd’hui significativement sa participation au capital dans le cadre de cette recomposition. Ce nouveau tour de table se caractérise par la sortie de Bpifrance et l’arrivée du fonds Bio Filières Durables, géré par ESFIN Gestion, dont l’expertise sectorielle vient dynamiser la croissance de l’entreprise. Par ailleurs, BNP Paribas Développement et NCI témoignent de leur confiance renouvelée en réinvestissant aux côtés de la dirigeante.

 

Cette opération confirme l’engagement de Biodis à poursuivre son développement sur un marché en pleine évolution, tout en consolidant son rôle essentiel de lien entre fournisseurs bio exigeants et acteurs indépendants de la distribution spécialisée.

 

Joffe & Associés a conseillé Biodis et sa dirigeante sur les aspects juridiques avec une équipe composée de Romain Soiron, Aymeric Dégremont et Virginie Davion, associés, ainsi que Paddy Pascot et Alexia Guyot avocats.

Blaise Deltombe poursuit dans le Journal Spécial des Sociétés

📢 Blaise Deltombe poursuit son analyse dans le Journal Spécial des Sociétés, sur les bonnes pratiques pour des entretiens efficaces et équilibrés.

 

Comme Blaise Deltombe l’a évoqué dans son premier éclairage, les enquêtes internes sont aujourd’hui indispensables face aux signalements de harcèlement, discrimination ou fraude. Il insiste sur l’importance d’une analyse des risques et d’outils adaptés, tout en gardant une certaine souplesse pour garantir des procédures fiables.

 

Dans un contexte où la réglementation reste limitée, Blaise Deltombe rappelle qu’« il faut absolument éviter la confrontation entre l’accusateur et la victime » lors de l’enquête. Les entretiens doivent être menés dans le respect et l’équité, en privilégiant une démarche aussi exhaustive que possible : entendre la personne qui porte l’accusation, les témoins, puis la personne mise en cause, tout en veillant à préserver la confidentialité et la sérénité des échanges.

 

Blaise Deltombe souligne également l’importance de la loyauté et de la confidentialité dans la conduite des entretiens par les avocats, notamment grâce au secret professionnel : « Il est important de préciser que les propos recueillis lors d’un entretien sont évidemment confidentiels et qu’il n’est pas question, au cours d’un entretien futur, de s’appuyer sur ces propos en les attribuant à la personne ».

 

Enfin, il recommande à l’employeur de se faire accompagner d’un représentant du personnel lors de ces entretiens pour garantir l’objectivité et l’équilibre du processus.

 

👉 L’intégralité de l’article est disponible ici.

Blaise Deltombe pour le Journal Spécial des Sociétés

📢 Blaise Deltombe  est interrogé dans le Journal Spécial des Sociétés (JSS) sur les enquêtes internes en entreprise : entre obligation légale et enjeu stratégique.

 

Les enquêtes internes sont devenues incontournables pour les entreprises françaises face aux signalements de harcèlement, discrimination ou fraude. Ces procédures permettent de clarifier les faits et d’objectiver les situations conflictuelles. Depuis la loi Sapin 2, les entreprises de plus de 50 salariés doivent mettre en place un dispositif d’alerte interne. Comme le souligne Blaise Deltombe : « mettre en place une politique de prévention passe d’abord par une analyse des risques et une mise en place d’outils internes », incluant document unique et règlement intérieur adapté.

 

La formalisation progresse avec l’adoption de chartes et questionnaires standardisés. Mais attention à l’équilibre : si l’employeur a intérêt à créer des normes internes pour encadrer les enquêtes internes, il faut conserver une liberté d’appréciation, prévient Blaise Deltombe.

 

Les clés du succès ? Une approche graduée pour jauger du sérieux de l’alerte et évaluer si cela justifie une enquête ou mérite simplement « une bonne discussion ». Puis des questionnaires types permettant « d’avoir des séries de réponses qui permettent par le nombre de corroborer ou pas les propos accusatoires ».

 

L’absence de cadre légal strict rend ces enquêtes parfois contestables, mais jurisprudence, soft law et formation sécurisent progressivement les pratiques.

 

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Réitérer un dépôt de marque : Stratégie commerciale ou dépôt de mauvaise foi ?

La cour d’appel de Paris(1°) a récemment statué sur une question qui revient régulièrement : lorsqu’une entreprise dépose une nouvelle marque très proche d’une de ses marques antérieures, déjà enregistrées, cela peut-il être considéré comme un dépôt de mauvaise foi ?

 

Les faits

La société AXAMED, devenue AXSCIENCE, a été assignée par la société AXA en contrefaçon de marques. AXA invoquait, notamment, ses marques semi-figuratives françaises n° 98760580 « » de 1998, n° 99873489 « » de 1999, n° 4206248 « » de 2015 ainsi que sa nouvelle marque n° 4555424 « » de 2019, alors non soumise à preuves d’usage.

 

Les arguments des parties

En défense, à titre reconventionnel, la société AXSCIENCE soutenait que la marque « AXA » de 2019 n’avait été déposée par la société AXA qu’aux seules fins d’échapper à l’obligation faite à tout titulaire de marque de justifier, après une période de grâce de cinq ans suivant l’enregistrement d’une marque, d’un usage sérieux de sa marque pour l’ensemble des produits et services qu’elle vise. Ce dépôt de 2019, suivant de quelques années de nombreux autres dépôts antérieurs dont celui de la marque « AXA » n°4206248 de 2015, caractérisait selon AXSCIENCE la mauvaise foi de la société AXA visant à détourner le droit des marques de sa finalité pour prolonger artificiellement sa durée de protection. Elle demandait pour cette raison la nullité de la marque « AXA » de 2019.

 

De son côté, la société AXA faisait valoir qu’elle avait procédé aux différents dépôts dans le cadre d’une stratégie commerciale visant à prendre en compte l’évolution (forme/couleur) des différents signes qu’elle utilise. Elle soutenait également que la marque « AXA » de 2019 ne désignait pas exactement les mêmes services que la marque « AXA » de 2015. Notamment, les services de « livraison de médicaments à domicile » ou d’« organisation et fourniture de services de soins médicaux ; assistance médicalisée à domicile… » couverts par la marque de 2019 n’étaient pas désignés dans les marques précédent.

 

Comment la mauvaise foi est-elle déterminée ?

Afin de déterminer si le titulaire d’une marque contestée a agi de mauvaise foi au moment du dépôt de sa demande, il convient d’effectuer une appréciation globale tenant compte de tous les facteurs pertinents du cas d’espèce existant au moment du dépôt de la demande d’enregistrement(2°).

 

La bonne foi est présumée jusqu’à preuve du contraire et un dépôt n’est abusif que s’il vise à obtenir un droit exclusif à des fins contraires aux fonctions essentielles de la marque, notamment en portant atteinte aux intérêts de tiers. Ainsi, pour qu’un dépôt soit considéré comme abusif, il faut prouver qu’il a été fait dans le seul but d’obtenir un avantage déloyal ou de nuire à autrui.

 

La position de la cour d’appel

La cour d’appel de Paris a confirmé la décision du tribunal judiciaire de Paris du 11 mai 2023 qui avait accueilli l’action en contrefaçon et rejeté la demande reconventionnelle de dépôt de mauvaise foi.

 

En effet, la cour d’appel a considéré que la société AXSCIENCE se bornait à effectuer des comparaisons entre la marque de 2019, prétendument déposée de mauvaise foi, et les marques antérieures « AXA » sans pour autant démontrer la mauvaise foi de la société AXA résultant de ces dépôts successifs.

 

La cour d’appel a suivi l’argumentaire de la société AXA consistant à faire valoir que le dépôt de 2019 relevait d’une stratégie commerciale visant à réunir sous cette nouvelle marque les diverses activités précédemment exercées sous les marques antérieures.

 

La cour d’appel considère que la société AXSCIENCE n’a pas réussi à démontrer que « l’enregistrement de la marque de 2019 procédait d’une intention de porter atteinte aux intérêts de tiers d’une manière non conforme aux usages honnêtes et d’obtenir un droit exclusif à des fins autres que celles relevant des fonctions d’une marque ».

 

A contrario, il est possible d’imaginer que, si AXA s’était contentée de redéposer strictement à l’identique ses marques antérieures, le nouveau dépôt aurait pu être considéré comme un avantage déloyal destiné à servir de base aux actions en contrefaçon sans avoir la charge d’en démontrer un usage sérieux.

 

Il est donc recommandé aux titulaires de marques de s’abstenir de redéposer strictement à l’identique leurs marques antérieures mais d’y apporter des modifications. Ces modifications, sans nécessairement être radicales, peuvent porter tant sur les produits et services désignés que sur les signes.

 

 


 

1° pôle 5, 1re chambre, 2 avril 2025, RG n° 23/10089
2° CJUE, 27 juin 2013, Malaysia Dairy, C-320/12 § 37

 

Le cabinet remercie Sofia Zaher pour sa contribution à la rédaction de cet article.